Présentation
Ce travail s’insère dans le contexte d’un DEA consacré à l’étude du rayonnement
international de la Société zoologique d’acclimatation (par la suite abrégée
comme la Société) au XIXè siècle, et notamment à la participation de l’Espagne à
ce projet.
La pensée scientifique qui anime la Société, fondée en 1854, est axée sur la
théorie de la variabilité limitée du type, due à Isidore Geoffroy Saint-Hilaire
(1). D'après cette théorie, la modification des caractères des êtres vivants,
fixes pour chaque espèce dans son milieu, est rendue possible seulement si les
circonstances ambiantes changent. L'expérimentation et la sélection artificielle
de caractères utiles semblent donc possibles sur des animaux domestiques
exotiques, voire même sur des animaux sauvages, une fois installés sur le sol de
l'Europe. Dans le sens précis d’accoutumance à un autre climat, l’acclimatation
pose un problème délicat de physiologie étant donné qu’il s’agisse de savoir si
un individu peut se transformer sous l’influence du milieu et éventuellement
transmettre cette adaptation à ses descendants (2). Ce cadre de réflexion a été
identifié avec un transformisme mitigé et place donc l’activité de la Société
dans le paradigme du lamarckisme (3).
L’initiative lancée dès Paris par Isidore Geoffroy Saint-Hilaire eut bientôt son
écho à Madrid. Mariano de la Paz Graells, directeur du Muséum d´Histoire
Naturelle madrilène, est nommé délégué de la Société en 1855 et très tôt obtient
le soutien officiel pour la création d’un jardin zoologique d’acclimatation. La
prolifération d’essais d’acclimatation sur le sol ibérique de plusieurs espèces
exotiques, du Kangourou au Ver à soie de Chine, de l’Autruche à la Chèvre
d’Angora, sont les témoins d’une ferme adhésion aux postulats de la Société et,
en conséquence, une approbation du lamarckisme, mitigée au moins, pourrait être
assignée à ses instigateurs. Mais, quelle a été la répercussion en Espagne des
doctrines de Lamarck sur la transformation des êtres vivants ? À quel point le
transformisme l’a emporté sur le fixisme dans la science espagnole ?
(1) Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. 1859. Histoire naturelle générale des
règnes organiques, principalement étudiée chez l’homme et les animaux. Tome II.
Paris. Victor Masson, p. 431-438.
(2) Jean-Marc Drouin. 1995. Le « moral » des plantes : introductions,
hybridations et monstruosités végétales au XIXè siècle. Journ. d’Agric. Trad. et
de Bota. Appl. nouvelle série. Vol. XXXVII, p. 5-16.
(3) Michael A. Osborne. 1994. The scientific basis of acclimatization in
France. In Nature, the Exotic and the Science of French Colonialism. Indiana
University Press, p. 62-97.
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